Elsbeth et Dominique

Un mot d’Elsbeth…

Concernant l’Emission Télé sur France 2 « toute une histoire » avec Dominique sur le thème : « J’ai menti à mes proches »

Décembre 2014

Je n’ai jamais eu la moindre pensée que mon mari, étant pasteur, pouvait avoir un problème de dépendance à l’alcool…

De ce fait, je n’éprouvais aucune méfiance et il pouvait ainsi librement augmenter les doses. Il pouvait à « cœur joie » continuer de me mentir car j’avais pleinement confiance que sa consommation d’alcool se faisait avec modération. (A quel moment la confiance se transforme-t-elle en naïveté ? je me le demande…)

Bien plus tard, j’ai pensé que ça devait être horrible pour Dominique de devoir continuellement cacher ce problème à la personne qui vit à ses cotés et qui ne soupçonne aucun mal… Pourquoi alors tous ces efforts de le cacher ? A qui d’autre devait-t-il cacher ce problème ?

Après qu’il m’ait avoué son problème, je me suis surprise à entrer dans le même processus de cachoteries et de mensonges…

D’une part je me sentais obligée et même responsable de le cacher à nos enfants encore petits et aux personnes qui fréquentaient l’église pour les protéger. Mais d’autre part je commençais à mentir à mon mari pour me protéger moi de certaines situations dont j’avais horreur : disputes, mésententes, etc. Il me posait souvent des questions de manière à ce que je lui réponde par oui ou par non. « Es-tu allée là ? As-tu rencontré telle ou telle personne ? As-tu fais cela ? »… Je calculais ma réponse en fonction de la paix qu’elle pouvait me procurer par rapport aux réactions de mon mari et non selon la vérité. J’étais devant un choix pénible… mentir pour pouvoir éviter les conflits que j’appréhendais tant, ou dire la vérité et devoir les affronter…

Dès mes premiers mensonges, je me sentais au plus mal et cela, malgré le calme, la paix que j’arrivais à préserver… il faut croire qu’il s’agissait d’une « fausse » paix. Je savais alors que ce n’était pas la bonne manière de faire. J’ai donc choisi de dire la vérité, quoi qu’il arrive…

Je me souviens du jour où je suis rentrée à la maison, après m’être sauvée avec les enfants chez mes parents pour vider mon sac, sans rien dire à mon mari…
Tout irrité il me questionnait : « Es-tu allée chez tes parents pour tout leur raconter, oui ou non ? » Je devais me ressaisir intérieurement pour dire la vérité et j’ai répondu : Oui, j’étais chez mes parents, oui, je leur ai tout dit !
Mon mari pâlissait et je sentais le moment tant redouté des disputes, arriver… Curieusement, en même tant que celles-ci se déclenchaient, je voyais mon mari complètement désarmé… A partir de ce moment-là j’étais certaine que la vérité avait remporté la victoire, ce qui m’aidait à continuer de dire la vérité sans me soucier des conséquences, bonnes ou mauvaises…

De façon presque invisible, insensiblement, je réalisais qu’une force, voire une espèce d’autorité, grandissait en moi… Elle m’accompagnait comme une « présence », fidèlement, peu importe mes états d’âmes, horribles ou merveilleux, peu importe que mes paroles soient appropriées ou non pour me défendre… Mais cette «présence » défendait (dans nos conflits) tout autant mon mari, puisqu’elle me montrait clairement quand c’était lui et non moi qui avait raison… J’ai compris que j’avais affaire à « quelqu’un » de foncièrement juste…

Je découvris également qu’à force de dire la vérité, celle-ci devenait comme un état d’esprit en moi et rendait les choses crédibles. Cela provoquait parfois une telle joie, qu’elle me permettait de rire de bon cœur dans des moments les plus effroyables…

Je ne veux cacher à personne mon « secret » d’où je puisais - et puise encore - la force pour ne pas vivre dans le mensonge, en devant me mentir à moi-même et/ou mentir aux autres… Ce secret se trouve auprès de celui qui dit si justement de lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », et c’est Jésus Christ, le Fils de Dieu !

Voir mes enfants s’exprimer dans la joie et les rires comme dans la peine et les pleurs, c'est-à-dire dans la vérité qui pour moi est un tout, fait que ma reconnaissance pour Dieu est sans bornes…

 

 

Interview avec Elsbeth Fontaine

pour un journal chrétien « Family » concernant le problème d’alcool que son mari a traversé.
Avril 2015

 

Quels effets avait l’alcoolisme de ton mari sur votre couple ?

Une méfiance malsaine s’est installée entre nous, détruisant peu à peu la confiance que nous avions l’un envers l’autre. La puissance du mensonge s’est introduite dans notre couple et je commençais, moi aussi, à mentir et à cacher des choses. Cela provoquait de continuelles mésententes et pour finir on n’arrivait plus à protéger nos enfants de ces conflits.

Comment le vivais-tu ?

À la fois très mal et très bien. Mal, parce que je ne comprenais absolument rien de ce qui nous arrivait. Je ne comprenais pas pourquoi Dieu gardait le silence, alors que je n’arrêtais pas de me creuser la tête, de me questionner, d’hurler aussi, pour qu’il me montre le pourquoi de tout cela. Je demandais pardon pour tout ce qui me venait à l’esprit et qui aurait pu être de ma faute dans cette chute de mon mari dans l’alcool.
Et je le vivais bien, parce que j’étais comme libérée de ce carcan qui me forçait à me réjouir uniquement quand je voyais ou sentais des choses agréables pour mes yeux et mes sentiments. Pouvoir rire, chanter, m’amuser avec mes enfants, faire de bons repas, etc. dans des situations de « guerre » était tellement incompréhensible, anormal et tonique ! Bien des fois, il m’a été donné cette grâce d’expérimenter la puissance de la joie dans le Seigneur qui s’est propagée sur tout mon entourage.

A un moment, vous avez été à deux doigts de divorcer. Qu’est-ce qui vous a tenu ensemble ?

Notre amour réciproque et aussi notre colère ou rébellion mélangés de peur contre le diviseur « l’ennemi de nos âmes » Satan qui, continuellement, avec un malin plaisir, met tout en marche pour détruire les familles, les couples, les vocations, les ministères etc. Il y avait aussi notre conviction à tous les deux, que c’est Dieu lui-même qui nous avait unis.

Elsbeth, tu as dit dans l’émission « toute une histoire » que tu as encore plus aimé ton mari quand tu as appris sa dépendance. Pourquoi ?

Oh comment dire… au moment même où Dominique m’avouait son problème de dépendance, je le voyais si vulnérable et embarrassé que cela m’a brisé le cœur. Une profonde pitié m’a gagnée, et je me suis dit que je ferai tout pour ne pas le laisser seul avec ce problème. J’étais aussi très admirative qu’il m’ait avoué cette horrible vérité aussi sincèrement. Je pense que ma compassion et admiration ont fait naitre en moi un amour plus fort encore… et qui dure toujours.

Comment se comporter avec un conjoint qui a un problème d’alcoolisme ou de dépendance ?

J’ai réalisé qu’il n’y a pas de méthode définie pour savoir comment se comporter. J’ai connu tous les comportements… cela me fait penser à l’Esprit de Dieu, quand il est écrit qu’il agit tantôt d’une manière tantôt d’une autre. Ceci pouvait aller de la douceur et de la soumission à la résistance jusqu’aux menaces. Je lui faisais peur, le calmais, le rassurais, l’abandonnais… Je partais parfois avec les enfants pour le laisser comme seul au monde, et peu après je lui disais que jamais je ne le quitterais… Vous imaginez le tableau ?
Pour finir, par la force des choses, j’acceptais tous ces comportements et m’en trouvais bien. En plus, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mes promesses lors de notre mariage : à la question : « veux-tu être fidèle à ton mari, dans les bons comme dans les mauvais jours ? », je me voyais encore répondre, sans hésitation et avec tant d’enthousiasme « OUI ». Les mauvais jours sont donc arrivés… et je me mettais à répéter devant Dieu mon « oui », souvent en pleurant. Vous ne pouvez imaginer la force qu’on peut ainsi recevoir !

Avec le recul, comment voyez-vous cette épreuve ? Qu’avez-vous appris ?

Avec une immense reconnaissance ! Etant petite, je ne supportais pas de savoir les gens malheureux, parce que moi je vivais le parfait bonheur avec Jésus, en famille. Mais comment les aider sans comprendre leur malheur ? Comment comprendre les malaises sans passer par là, soi-même ? Je peux donc dire que je vois cette épreuve comme une grâce que Dieu nous a faite.
Cette épreuve m’a aussi permis d’apprendre et de réaliser que nous sommes tous, sans exception, des êtres dépendants. La preuve en est, qu’à un certain moment alors que je me plaignais, remplie de colère à cause de cette addiction à l’alcool de mon mari, j’ai reçu une « claque » salutaire de mon Dieu d’amour. Il m’a montré que moi aussi, j’étais devenue dépendante… pas de l’alcool mais de la « bonne réputation ». Ma famille, et veiller à sa « belle image » était devenu sans même m’en rendre compte plus important que mon amour pour Jésus… Je l’ai reconnu de suite et aussitôt mon apitoiement a cessé, ainsi que mes jugements, et j’étais libre de m’occuper de ma « dépendance » à moi.
Nous avons appris tous les deux que devant Dieu nous sommes tous à la même enseigne, et que le moyen le plus efficace pour nous protéger des dépendances est de « choisir » de dépendre entièrement de Jésus ! Voici la seule dépendance qui a pour effet secondaire : la vraie liberté !

Comment est votre relation au sein du couple aujourd’hui ?

Elle est remplie d’amour, d’amitié, de complicité, dans un paysage varié, fait du beau et du mauvais temps, du soleil et du vent. Une relation devenue sans frontières…

 

 

Vous pouvez commander le livre de Dominique Fontaine « Quand le verre vire au rouge » à l'adresse suivante :

version pdf téléchargeable : http://www.jude25.ch/commandes-dl/
version papier : http://www.jude25.ch/commandes/


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